jeudi 8 janvier 2015

15'000 km pour 2015!

31 décembre 2014. Nous fetons à Phnon Penh la fin d'une année passée sur les routes d'Asie. Entourés de la soeur de Delphine ainsi que de 3 collègues cyclos croisés ces derniers mois, nous buvons à la santé de 2015, année qui, nous espérons, nous apportera autant de bonheur et de découvertes que 2014. Voici donc un petit bilan comptable de notre voyage jusque là. Pour le bilan des souvenirs, des émotions et des rencontres, on passera vous raconter à notre retour. Ca aussi c'est prévu pour 2015...




Nombre de jours de voyage: 550
Nombre de jours où on a roulé sur nos vélos (au moins quelques kilomètres...): 292 (C'est quand meme plus que la moitié!)

Kilomètres parcourus: 15'031
Moyenne journalière (total): 27,3km
Moyenne journalière (jours roulés): 51,5km
Plus longue étape: 131km (Turkmenistan oblige...)
Étape la plus courte: 4km 


Dénivellation positive: 143'612m
Dénivellation négative: 147'597m

Point le plus haut a velo4700m (En Chine)
Point le plus haut en bus : 5050m (En Chine aussi...)

Montée la plus raide: 18% dans le col Carnizza juste avant la Slovénie
Descente la plus raide: 19% juste après Saanenmöser, en Suisse (Ca tient toujours!!!)Vitesse maximale: 91.3km/h (Seb) juste avant la frontiere chinoise et 77,2km/h (Delphine) dans un raidillon splendide au nord de l'Iran

Nombre de crevaisons: 4 (Delphine, toujours a l'avant) et 5 (Seb, toujours a l'arrière) (mais les pneus sont toujours d'origine!)

Nombre de casque donné: 1 (Seb, qui ne voyait pas pourquoi refuser ce cadeau a un Laotien a moto...)
Nombre de fondues mangées en 2014: 2 (et toutes avec du vrai fromage suisse!)
Nombre d'escorte policiere: 1 (en Iran, sur 50km)
Nombre de pays traversés: 22
Nombre de livres lus: 53

mercredi 17 décembre 2014

Laos, entre montées et gastronomie

Entrer au Laos s'avere plus facile qu'en Chine. En moins de temps qu'il me faut pour écrire cet article, nous sommes hors de la Chine et avons un nouveau visa dans notre passport.

Nous sommes tres rapidement confrontés a la topographie du nord du Laos, plutôt ingrate pour les cyclovoyageurs que nous sommes... Ca monte, ca redescend, et ca remonte, et ca redescend... et ca remonte, non vraiment?? Et avec des pentes toujours plus raides, pour tester notre résistance. Pas un metre de plat. Heureusement, des petits stands de bananes le long de la route sont parfait pour nous redonner des forces. Elles sont delicieuses et se mangent facilement en grand nombre sans qu'on s'en rende vraiment compte...Et quand elles sont parsemées de noix de coco, je vous explique pas...



Nous traversons de nombreux petits villages dont les maisons sont en bambou. D'ailleurs, le bambou est utilisé pour un tas d'usage différents : les maisons, les échaffaudages, les corbeilles pour transporter le bois, les bols a riz, des radeaux et j'en passe.
Les enfants nous crient des sabadi sabadi (bonjour) a qui mieux mieux. On aura dit ce mot plus de fois en quleques jours au Laos que níhǎo en Chine en deux mois. Beaucoup de sourires échangés et de signes de main en traversant ces petits villages qui ont l'air au bout du monde au milieu de cette forêt.


Dans certains villages, on apercoit des hommes qui jouent a la pétanque, des restes de l'occupation francaise. Tu tires ou tu pointes?

Ici, pas d'eau courante, les habitants se rassemblent autour des robinets du village pour la vaisselle, la lessive, et la toilette. Il n'est pas rare de voir un groupe de femmes, avec juste un pagne autour du buste, qui se lavent les cheveux.

Le premier jour au Laos, on ne trouve pas de restaurant ou s'arrêter pour midi, mais des biscuits, bonbons et bananes dans les sacoches feront l'affaire. Les kilometres défilent, la dénivellation aussi. On arrive dans une petite ville avec quasiment 100km au compteur et plus de 1000m de montée. Qui l'eut cru... Une bonne douche et un bon restaurant feront du bien. Ce n'est plus comme en Chine avec les frigos ou tu montres ce que tu veux, mais les plats sont aussi délicieux et peu chers. Sur les tables, toujours 4 ou 5 bouteilles de sauces diverses, dont une pâte de poisson, attention aux odeurs. C'est grâce a ces condiments qu'on reconnaitra les restaurants des tables privées les prochains jours.

Dans les petits boui-boui du bord de route, ce sont souvent des soupes de nouilles qui nous sont servies, avec du chou chinois ou des haricots et des feuilles de menthe. Le riz gluant est aussi une denré de base, servie dans des petits paniers. Les locaux en ont des boules dans les poches qu'ils mangent au long de la journée.




Les petits garcons qu'on croise ont souvent un lance pierre ou un harpon dans la main. La chasse et la pêche est de mise par ici. On est surpris de voir des singes suspendus sur des stands en bord de route. Et d'autres bêtes ressemblant a des rats. Tout se mange visiblement.

Sur la route, entre deux transpirations pour nous, la vie suit son cours tranquille, les femmes qui tissent pendant que les hommes réparent les filets pour la pêche, les buffles qui se baladent d'un champ a l'autre, la musique qui anime souvent quelques maisons dans un village et nous encourage.


piment qui seche au soleil



On attire les curieux en montant la tente sur le seul coin plat qu'on trouve
a côté d'une école


Apres quelques jours dans le nord, a monter et descendre, on commence a bien fatiguer et le plaisir n'est plus trop de la partie malgré les belles scenes de vie qu'on peut observer. C'est trop et on n'a pas envie non plus de se dégouter. Quand le physique et le moral sont a bout, il est bon de craquer parfois, selon nous. On tend le pouce et on passe quelques heures magnifiques a l'arriere d'un pick up, a côté de nos vélos qui, eux aussi, ont l'air contents de ne pas devoir nous porter et fournir trop d'effort dans ce paysage tres vallonné.



Le chauffeur nous dépose a Phonsavan ou on passe une nuit. On prend un bout de soirée pour visiter le centre MAG ( Mines Advisory Group). On apprend que la Laos est le pays au Monde qui a été le plus bombardé par rapport au nombre d'habitants, et tout ca secretement durant la guerre du Vietnam. Nous pouvons visionner un film Survivre en temps de paix. On apprend la dure réalité de ces gens dans les plus pauvres de la planete qui doivent gérer avec ces restes de mines qui restent encore dans la nature les empêchant de pouvoir exploiter la terre sans risque et sans peur.


Le lendemain, nous prenons un bus bien local pour rejoindre la ville de Luang Prabang sur les bords du Mekong. Des sacs remplis de nourriture, différents bagages, chacun s'arrange pour faire rentrer ses marchandises dans et sur le bus. Nos vélos sont laissés au conducteur qui les charge sur le toit. A partir d un moment, il n'est plus de notre ressort de contrôler ce qui se passe, ce qui me stresse toujours un peu je dois avouer. Nous arrivons le soir a Luang Prabang ou nous rencontrons un cyclo avec qui nous avions passé le passage de la frontiere chinoise il y a 2 mois. C'est chouette de se revoir comme ca par hasard, et ca ne sera pas le dernier dans cette petite ville.
Le lendemain, alors qu'on se régale d'une baguette au chocolat et d'un bon jus de fruit sur le marché central, puis a la recherche d'un hôtel, ce sont 2 couples de cyclo rencontrés en Ouzbekistan et au Laos que l'on recroise par hasard. On a presque l'impression d'être a la maison en recroisant des connaissances comme cela. Les jours y passent vite.

On prend vite nos petites habitudes avec le marché du petit déjeuner ou de nombreux stands vendent les mêmes jus de fruits, sandwichs ou crepes. Bananes, ananas, fruits du dragon, pommes, mangue, citron, chocolat, gingembre, de quoi faire des beaux mélanges. Pour les sandwichs, le fameux bananes nutella, ou alors fromage, avocat, tofu, oeuf, bacon, poulet. Les combinaisons sont nombreuses, on ne peut pas y passer qu'un matin donc.





Passer du temps dans cette ville n'est donc pas tres difficile, il faut dire qu'on y mange bien par ici, ce qui est un argument de taille pour nous. Les premier midi, Sébastien se fait plaisir avec un bon steak au poivre. Et il nous arrive de passer commande parfois dans une boulangerie francaise aux pâtisseries délicieuses. La tarte au citron, on s'en souviendra!

Tous les jours, les chauffeurs de tuk tuk nous proposent une virée a la fameuse cascade. Nous y allons en vélo, histoire de faire un peu de sport dans ces journées plus tranquille de ville. Une jolie petite route, qui parait presque facile sans les sacoches, nous conduit a ce parc ou on peut se balader dans un cadre idyllique observant eau, ours et papillons...





Apres 3 jours, Adam, rencontré un an auparavant en Turquie arrive (ca c'était prevu), acompagné de Dino et Suyz rencontrés en Iran 7 mois auparavant (ca, ca n'était pas prévu...) avec encore un autre couple. Ajoutés a nous et un autre arrivé en même temps que nous, on est donc 9 cyclo dans l'auberge et les conversations vont bon train, entre expériences et conseils de voyage.


Marché de nuit

Le marché de nuit ou les artisans locaux vendent leurs produits.


Les courses pour le cours de cuisine

Cours de cuisine lao, pour les résultats, vous passerez nous voir a notre
retour en espérant qu'on arrive a reproduire tout ca.



Un an apres, retrouvailles avec Adam, on ne perd
 pas nos bonnes habitudes...

Apres une bonne semaine, il est temps de reprendre la route. le Laos s'étend loin au sud, et nous avons rendez-vous au Cambodge dans quelques semaines. Nous enchainons donc 2 nuits dans le bus pour atteindre la ville de Pakse plus au sud sur les bords du Mekong.


De la, une piste, voire parfois un chemin, nous menent a travers des petits villages puis les 4000 iles a l'extême sud du pays. Tout a coup, la route s'arrête et on doit grimper dans un petit  bateau pour nous mener a quelques dizaines de metres sur l'ile d'en face. La vie y a l'air douce et tranquille.










4 Hollandaises aussi sur la route pour quelques semaines, comme
quoi le voyage en vélo peut se faire a tout âge!

Il nous faut plus de temps pour sortir du Laos que pour y entrer... On nous avait averti que les douaniers exigeaient 2 dollars pour faire le tampon dans le passport nous permettant de sortir du pays. J'essaie de demander un recu, mais forcément il n'y en a pas. No money, no stamp, a quoi je réponds, no receipt, no money. Un dialogue de sourd? Peut-être bien mais je n'ai pas tres envie de lâcher le morceau. Enfin, ca n'empêchera pas la corruption de continuer bien sûr mais je me dis que ca ne peut pas leur faire de mal d'avoir un peu de résistance parfois...Avec beaucoup de patience, d'humour, de calme et de répétition incessante de la meme chose, on finit par obtenir nos tampons et sans payer... Le Cambodge n'est plus tres loin.


mercredi 3 décembre 2014

Des yaks aux bananes!

Shangri-La, vallée imaginaire du livre "horizons perdu", mais ville bien réelle pour nous. Surtout que nous devons y prolonger nos visas... Tout se passe bien avec le police chinoise, alors on part en balade (a pied) dans les gorges du saut du tigre, creusées par le Yangzi, le 3eme plus long fleuve du Monde. Le sentier du haut est impressionnant avec ses vues sur les remous fous des rapides. Nous découvrons avec joie des bosquets de bambou, des toiles d'araignées géantes et cette odeur qui nous rappelle le sud, mais un peu plus a l'est... Ensuite, petit passage par la ville de Lijiang, véritable attraction touristique pour les Chinois qui apprécient ses ruelles étroites et presque emmelées ou l'eau est omniprésente. C'est vrai que les nombreux cafés décorés avec gout, les fleurs ornant les petits ponts et les bassins utilisés traditionnellement pour boire, laver les légumes et le linge ont un charme indéniable. Mais il faut savoir quitter les rues principales surpeuplées de mains tenant des appareils photos. Ou se lever tot...

Rapides dans les gorges du Yangzi
Touriste chinoise et femmes du coin
Lijiang et ses canaux

Nouveau trajet en bus pour atteindre la ville de Dali, ou nous remontons sur selle en direction du sud. D'un coup, les hauts plateaux tibétains et l'air froid du matin ont disparu pour laisser place a une belle humidité et a de la végétation encore inconnue. Des magnifiques fleurs colorées nous accompagnent le long de la route et les papillons prennent des couleurs superbes.


Arbre a ne pas toucher...

Un soir, une grosse frayeur avec notre bruleur manque de peu de faire flamber la tente... Nous sommes quitte avec un trou dans la bache, mais le bruleur est desormais hors d'usage. C'est un mal pour un bien au vu des nombreux petits restaurants qui bordent la route et qui sont autant de découvertes de saveurs nouvelles. On aime les légumes simplement cuisinés au wok quelques minutes, avec de l'ail, du gingembre et de la coriandre. Lorsque je vois des gros jambons pendre sous les avant-toits, il me faut un petit moment pour arriver a croire que c'est bien du jambon cru avec un fumet délicieux! J'en achete un petit morceau qui régalera mes papilles a chaque fin de journée.

jambon fume a la mode chinoise
Un petit-dej d'anniversaire pour seb!

Un peu de pluie nous surprend aussi dans cette partie sud du Yunnan. On se trouve alors une chambre dans une de ces petites villes qui seraient d'importance nationale a l'échelle suisse. Le prix est tres bas (8-9 CHF pour deux), la douche est chaude (normalement...), le lit moelleux et il y a toujours un bouilloire et du thé. On se fait alors un plaisir de déballer nos affaires et de les faire sécher sur des fils tendus a travers la piece! Et lorsque le lendemain matin on se réveille avec le son de la pluie, on apprend a passer une journée entiere dans une chambre. Ca passe vite...

Une chambre occupee par des cyclos...

Grace a des amis suisses qui ont voyagé dans la région, nous avons le contact d'une jeune femme qui habite avec sa famille dans un petit village perché sur les collines. Ubai possede des plantations de thé et grace a elle, nous découvrons ce monde tres complexe ou la variété des saveurs est infinie. La dégustation de thé, qu'il soit vert, rouge, blanc ou fermenté (puer), est une cérémonie autant gustative que visuelle. Le "maitre" fait infuser quelques feuilles de thé, puis sert le liquide dans des tout petits bols avec une dexterité et une rapidité surprenante. L'opération se répéte entre 10 et 30 fois avec les memes feuilles de thé (suivant la qualité de celui-ci) et c'est autant de fines nuances dans l'amertume et l'apreté du breuvage. Notre palais, pas habitué du tout, a clairement de la peine a les reconnaitre...

Avec Ubai et ses amis, nous passons aussi une délicieuse soirée avec un repas improvisé cuisiné par nos hotes. Comme il y a des invités, un poulet est de mise et le jeune va le chercher dans le poulailler pour le tuer, le plumer et le couper en morceau. Avec ca, des sauces fraichement préparées au pillon, des légumes cuits au feu de bois et bien sur, beaucoup de riz! On est impresionné de voir ces jeunes de notre age savoir cuisiner tous ces produits frais. Et on se régale avec quelques rasades d'alcool de riz! 

Triage des feuilles de the

Village traditionnel du sud du Yunnan

Tout au sud, mous croisons pour la premiere fois la route du Mekong qui n'est encore qu'une riviere de belle taille. Le tropique du cancer est maintenant au nord de notre position et cela se sent avec les nombreux bananiers, cocotiers, plantations de cannes a sucre et hévéas qui jalonnent notre parcours. Il ne fait pas tres chaud, mais l'humidité est forte et on est bien content de pedaler pour avoir un peu d'air.

C'est dans ce climat tropical que nous roulons nos derniers jours en Chine. Au final, nous aurons surtout découvert la Chine des non Chinois et seulement une partie minime de ce pays aussi grand et varié que l'Europe. Le contact avec les habitants n'a pas été aussi facile que dans les pays précédents, mais nous avons rencontré beaucoup de sourires et nous avons souvent été aidés lorsque nous en avions besoin. Petite déception avec le prix exorbitant des différents sites (c'est vite 20-25$ par personne pour entrer dans un monastere par exemple!) qui nous a souvent freinés dans notre envie de visiter.

Entre les chameaux du Xinjiang, les yaks du Sichuan et les bananes du Yunnan, la Chine nous a montré quelques une de ses innombrables facettes et nous a donné l'envie de revenir pour en découvrir d'autres. Mais avant un éventuel retour dans l'Empire du Millieu, c'est le pays au million d'éléphants qui est a portée de nos roues.

Les bananes, le fruit parfait pour les cyclos!
PS: De nouvelles photos ont éte mises sur le diaporama et vous pouvez revivre notre aventure dans le Pamir et au Kirghizstan en version journal de Morges:
http://www.journaldemorges.ch/node/5409