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mercredi 29 avril 2015

En route vers l'ouest

Cette fois nous y sommes! Apres une lente dérivation vers l'est, il est temps, non pas de revenir en arrière, mais de continuer la boucle en repartant vers l'ouest. A la gare de Beijing, nous sommes accompagnés par Anna et Lukas, qui eux aussi sont sur le retour. L'émotion est palpable dans la gare peuplée de la capitale chinoise au moment où les "portes s'ouvrent" pour laisser les voyageurs monter dans le Transmongolien!

Prets pour le depart vers l'ouest!

Pour cette première partie du trajet, nous voyageons en 2ème classe, dans un compartiment à 4 couchettes. Le wagon est assez vieux, avec une jolie moquette, et il nous embarque directement dans les légendes liées à ce train. En cette saison, il y a très peu de voyageurs et les employés chinois ont donc tout le temps pour se cuisiner des petits plats qui sont bien au-dessus de nos nouilles instantanées et de notre petit brie en conserve...
Première nuit et premier passage de frontière. Nous entrons en Mongolie. C'est un sentiment étrange que de traverser un pays sans s'y arrêter. Mais les paysages qui défilent à travers notre fenêtre sont unanimes: il faudra revenir un jour.

De quoi nous occuper...
Chauffage du wagon, a l'ancienne
Petite biere dans le tres beau wagon restaurant mongol

Deuxième nuit et deuxième passage de frontière. Les douaniers russes ne font pas les choses à moitié mais ne trouvent rien à redire à notre visa si difficilement acquis. Nous voilà dans le plus grand pays du monde! Dans cette Sibérie qui sort doucement de l'hiver, nous apercevons au matin l'étendue immense et gelée du lac Baikal. Le train avance tout tranquillement, nous laissant le temps d'observer les reliefs de la glace et de prendre conscience que nous sommes bien loin de tout.
Apres une cinquantaine d'heures de train, nous descendons à Irkutsk pour couper notre trajet vers Moscou, mais surtout pour voir un tout petit bout de cette Sibérie si sauvage.

Maison  typique de la ville d'Irkutsk
L'ile d'Okhlon, au nord de Irkutsk, est idéale pour sentir un peu de cette profondeur russe, à mille lieues des centres commerciaux de Moscou. Pour y accéder, on utilise le ferry en été et le "bus sur glace" en hiver. Mais au mois d'avril, en période de fonte, c'est seulement avec un petit aéroglisseur que l'ile est reliée au monde. Et encore, il n'est jamais certain qu'une liaison quotidienne soit assurée...
Dans le village principal de l'ile, nous trouvons un hôtel en bois tenu par Nathalia. Nous y restons trois nuits, seuls. Chaque soir, la cuisinière nous prépare de l'omoul (poisson indigène du Baikal) avec une recette différente qui nous régale. La journée, nous nous baladons sur les prairies sèches et sur l'eau gelée avec l'impression d'avoir l'ile rien que pour nous! Et si le petit vent glacial se met à souffler, nous allons boire des thés chauds dans la petite salle à manger de l'hôtel, toujours aussi seuls...

Le petit aeroglisseur qui permet de voguer sur l'eau et de glisser sur la glace
Balade sauvage sur l'ile
Coucher de soleil depuis l'ile d'Okhlon

Après quelques doutes, nous pouvons finalement emprunter l'aéroglisseur pour retourner à Irkutsk. Nous y faisons les courses dans un supermarché où nous retrouvons une certaine européanité dans les produits. Cela faisait très longtemps... Tard le soir, nous embarquons dans le train à destination de Moscou et prenons nos quartiers dans notre 4m2 qui sera notre maison pour les 80 prochaines heures! Cette fois, nous n'avons pas de compartiment à 4, mais sommes dans le wagon 3ème classe où 54 lits sont entreposés de manière ingénieuse. Il en résulte un poil moins de confort, mais beaucoup plus de convivialité!
Il y a Serguei qui nous offre un premier whisky dès notre réveil! Et pour l'accompagner, voici de la bière, des chips et ... un peu de vodka! "Heureusement", il quitte le train le premier soir, en essayant de nous embarquer chez lui pour nous montrer son bania, le sauna des Russes. Il y a aussi Igor, un jeune de 19 ans qui rentre chez lui après avoir passe une année dans l'Armée rouge. Il est souvent dans les parages pour jouers aux cartes avec nous, dans une variante russe qu'il vient de nous apprendre. Il y a un deuxième Igor, avec un visage très long qui fait presque peur... jusqu'à ce qu'il se mette à sourire. Avec lui, je n'ai aucune chance aux échecs... Il y a encore Natasha et Svetla, deux copines qui s'en vont en vacances en Crimée et qui sont toujours de bonne humeur. Et puis il y a Youri, un Géorgien aux dents dorées qui passe presque tout son temps à regarder par la fenêtre.
Dans cette belle ambiance, nous utilisons les geste et notre petit dictionnaire de russe pour communiquer. Et pour les toasts, chacun le fait dans son propre langage!

Les heures défilent, sans d'ailleurs savoir quelle est la véritable heure (nous traversons 5 fuseaux horaires), sans savoir non plus si le train est encore en Asie ou déjà en Europe. C'est un voyage hors du temps, rythmé par les milliers de bouleaux, les quelques arrêts en gare et la certitude que nous nous dirigeons lentement vers l'ouest.


Anna et nos nouvelles copine russe en plein essayage de beret!

Un sourire de la cheffe de wagon!!! Peut-etre grace aux chaussons blancs trop styles...

Un peu de lecture...

... et quelques partie d'echecs!
A 5 heures du matin, le 4ème jour, nous arrivons exactement à l'heure à Moscou. Lorsque nous sortons du métro et faisons face au Kremlin, une certaine émotion nous envahit. Nous n'attendons pas longtemps avant d'aller découvrir la Place Rouge et sa fameuse cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux. L'endroit est grandiose, historique et nous sommes conquis. 
Nous n'avons que peu de temps dans la capitale russe et nous prenons un rythme japonais. Et encore des Japonais qui viennent de passer quatre jours assis dans un train! Balade dans le coeur historique de la ville, visite du musée Pushkine et de sa collection impressionniste et même un opéra le soir! Avant de retourner sur la Place Rouge pour l'admirer de nuit.
Le lendemain, nous faisons une visite de la ville à pied avec une jeune Russe comme guide. En introduction, elle nous dit: " Visitez la Russie avant que la Russie ne vienne vous rendre visite!" Vous voilà prévenus!

Cathedrale Saint-Basile

Un peu de culture le jour

Et un peu d'opera le soir!

Kremlin et Cathedrale Saint-Basile magnifiquement eclaires.

Notre séjour trop court à Moscou nous donne l'envie d'y revenir, car la plus grande ville d'Europe offre beaucoup de facettes intéressantes et particulièrement belles. 
Encore une nuit dans un train et nous entrons dans l'Union Européenne, par la porte lettone. A Riga, nous quittons Anna et Lukas avec qui notre retour vers l'ouest s'est superbement passé. Eux continuent vers Berlin où les attendent leurs vélos. Les nôtres sont juste là, dans l'appartement de Liene, Vitaljis et Stanislas qui nous ont tellement aidés pour réceptionner les gros paquets! Un immense merci à ces warmshowers qui ont permis de rendre notre voyage en Transsiberien plus agréable.

En ce moment, les vélos ont été remontés, les sacoches sont prêtes à remplacer le sac à dos et la carte des pays baltes est depliée sur le sol. Demain, nous reprenons notre envol avec nos Papillons!

P.S. Quelques nouvelles photos sont disponibles sur l'album du blog

mercredi 22 avril 2015

En route pour Beijing

On est en Chine dès notre arrivée dans le bus, entourés essentiellement d'hommes chinois. Se racler la gorge, cracher, parler fort, chanter, décidément, tout ce qu'on entend sur les Chinois, ce ne sont pas que des préjugés. Ca crée une ambiance. 
26 heures de bus-couchettes à travers d'abord les routes cahoteuses et montagneuses du nord du Laos puis les cinq voies chinoises impeccablement asphaltées. Le trajet nous parait moins long qu'imaginé avec quelques distractions comme un film érotique diffusé en plein après-midi... 

On atteint la ville de Kunming, capitale du Yunnan. On sent directement que nous ne sommes plus en Asie du sud-est. Tout est différent, les gens, les habitudes, l'écriture, les odeurs, notamment celles liées à la nourriture (décidément, cet aspect revient constamment...). Les gens parlent moins anglais et nous retrouvons le langage des signes qui fonctionne de facon plus ou moins aléatoire, mais souvent, dans un restaurant ou autre, un jeune se manifeste pour nous aider pour la traduction. Les tuk-tuks ne sont non plus plus présents et on se sent moins sollicités.


On se refamiliarise en douceur avec ce pays qui est pour nous celui avec le plus grand choc culturel de tout le voyage.  
On apprécie la vie d'un parc ou chacun vaque à son occupation. Pour certains, c'est l'apprentissage de nouveaux pas de danse, tandis que des femmes chantent, chacune avec leur petitgroupe et leur micro, face à un bassin ou quelques nénuphares tentent de survivre. Sébastien devient l'attraction l'espace de quelques minutes alors qu'il se fait raser par des étudiants-coiffeurs. 


Tempe tibetain coince entre des buildings 
Monastere bouddhiste


On part vers le sud, plusieurs heures de bus au programme, afin de rejoindre la région de Yuangyuan et ses magnifiques rizières en terrasses. Nous nous retrouvons dans une petite guesthouse au milieu d'un décor grandiose de rizières inondées. Un environnement de toute beauté. 



Plus de 2000 ans que les habitants adaptent leur envionnement de montagne afin de pouvoir y cultiver le riz. Nous sommes impressionnés par le travail titanesque qui a du etre effectué ici et qui se perdure. 

Des plateformes-points de vue ont été installées dans les endroits les plus remarquables et c'est entourés d'une centaine de touristes chinois essentiellement que nous pouvons admirer lever et coucher de soleil sur ce paysage totalement nouveau pour nous.  
La magie des bassins qui „s'allument“ les uns après les autres, les couleurs qui se transforment rapidement selon l'inclinaison du soleil, la nature se réveille gentiment et nous offre un spectacle fascinant. 



On revient sur Kunming ou 17heures de transport nous attendent pour rejoindre Yangshuo située dans un magnifique cadre de pains de sucre, des pitons calcaire répartis dans le paysage. 


Nous passons une journée avec Emily, une guide qui nous emmène à vélo à travers les champs et petits villages. Elle nous explique que ces jours-ci sont consacrés aux morts. Les familles des défunts vont sur les tombes, les désherbent, y ammènent des présents comme des poulets ou des boissons. Ils peuvent aussi y bruler des habits et billets en carton afin qu'ils passent dans l'au-delà et soient accessibles aux morts. On entend très souvent le bruit d'explosion des pétards, et pour les familles les plus riches, ce sont des feux d'artifice qui sont allumés depuis les tombes réparties dans la nature. 

On fait nos au revoir a Elise avec qui nous avons passe trois magnifiques
semaines entre le Laos et la Chine

Il est temps de quitter les beautés naturelles chinoises et de montrer droit sur le nord en direction de la capitale Beijing. Plus de 24heures de train pendant lesquelles peu de choses ne peuvent me séparer du livre de Joel Dicker, si ce n'est quelques heures de sommeil et jeux de cartes.

Une petite nuit nous attend car c'est tot que nous retrouvons Anna et Lukas, un couple suisse-allemand avec qui nous avons déjà passé du temps au Kirghizstan et une soirée-fondue au Cambodge. 

Voila le printemps qui pointe le bout de son nez!

Aujourd'hui, nous partons à la découverte de la Muraille de Chine en version sauvage.avec Linda, une amie de Sébastien qui habite là depuis quelques années.  Nous sommes déposés sur une petite route de montagne de laquelle nous grimpons dans la foret à la recherche de cette construction longue de plusieurs milliers de kilomètres. Nous coupons à travers un talus afin d'atteindre cet édifice de pierres gigantesque serpentant au nord de la Chine. 






La Muraille ici est partiellement recouverte de végétation. On ne croise que quelques personnes sur cette portion. L'ambiance est belle, avec le soleil qui joue à travers les nuages. 
On voit ce monstre de pierres qui continue dans une nature qui parait plutot hostile à une pareille construction. Nous marchons un bout le long sur des portions parfois bien raides. Quelle main d'oeuvre a -t-il fallu pour construire pareil ouvrage?

Nous passons les jours suivants à nous balader à travers les hutongs, les petites ruelles de Beijing, enfin, celles qui restent, car beaucoup commencent à etre détruites afin de les reconstruire en faux-vieux. 



La cité interdite, j'arrive jusqu'à la billetterie, apres avoir traversé la longue place Tian'anmen (voir instantané), mais au dernier moment, je change d'avis. Les milliers de visiteurs qui sont là et le peu de motivation y sont pour beaucoup. Je préfère retourner dans le „vrai-Beijing“ et ses hutongs ou je peux sentir les ambiances de quartier et ne pas me sentir oppressée. Bon choix apres avoir retrouvé Marie et Seb qui ne sortent pas enchantés de leur visite.


C'ést l'émeute pour pouvoir jetter un coup d'oeil a l'intérieur des palais


Après avoir dégusté du chien (pas explicitement dit dans le menu mais c'est fort probable), c'est la découverte a Beijing, de la spécialité du canard laqué cuit au feu de bois, qui ravit les papilles de Marie et Sébastien. 

Un des inombrables choix de la délicieuse cuisine de rue
Nous faisons nos aurevoir à Marie qui continue son voyage vers le Vietnam. On se retrouvera très bientot. 

Avec Beijing, nous avons atteint le point le plus à l'est du voyage. Il est temps de se diriger vers l'Ouest et les heures qu'on s'apprete à passer dans le mythique Transmongolien devraient nous aider à ce retour en douceur en direction de la Suisse. 

mercredi 3 décembre 2014

Des yaks aux bananes!

Shangri-La, vallée imaginaire du livre "horizons perdu", mais ville bien réelle pour nous. Surtout que nous devons y prolonger nos visas... Tout se passe bien avec le police chinoise, alors on part en balade (a pied) dans les gorges du saut du tigre, creusées par le Yangzi, le 3eme plus long fleuve du Monde. Le sentier du haut est impressionnant avec ses vues sur les remous fous des rapides. Nous découvrons avec joie des bosquets de bambou, des toiles d'araignées géantes et cette odeur qui nous rappelle le sud, mais un peu plus a l'est... Ensuite, petit passage par la ville de Lijiang, véritable attraction touristique pour les Chinois qui apprécient ses ruelles étroites et presque emmelées ou l'eau est omniprésente. C'est vrai que les nombreux cafés décorés avec gout, les fleurs ornant les petits ponts et les bassins utilisés traditionnellement pour boire, laver les légumes et le linge ont un charme indéniable. Mais il faut savoir quitter les rues principales surpeuplées de mains tenant des appareils photos. Ou se lever tot...

Rapides dans les gorges du Yangzi
Touriste chinoise et femmes du coin
Lijiang et ses canaux

Nouveau trajet en bus pour atteindre la ville de Dali, ou nous remontons sur selle en direction du sud. D'un coup, les hauts plateaux tibétains et l'air froid du matin ont disparu pour laisser place a une belle humidité et a de la végétation encore inconnue. Des magnifiques fleurs colorées nous accompagnent le long de la route et les papillons prennent des couleurs superbes.


Arbre a ne pas toucher...

Un soir, une grosse frayeur avec notre bruleur manque de peu de faire flamber la tente... Nous sommes quitte avec un trou dans la bache, mais le bruleur est desormais hors d'usage. C'est un mal pour un bien au vu des nombreux petits restaurants qui bordent la route et qui sont autant de découvertes de saveurs nouvelles. On aime les légumes simplement cuisinés au wok quelques minutes, avec de l'ail, du gingembre et de la coriandre. Lorsque je vois des gros jambons pendre sous les avant-toits, il me faut un petit moment pour arriver a croire que c'est bien du jambon cru avec un fumet délicieux! J'en achete un petit morceau qui régalera mes papilles a chaque fin de journée.

jambon fume a la mode chinoise
Un petit-dej d'anniversaire pour seb!

Un peu de pluie nous surprend aussi dans cette partie sud du Yunnan. On se trouve alors une chambre dans une de ces petites villes qui seraient d'importance nationale a l'échelle suisse. Le prix est tres bas (8-9 CHF pour deux), la douche est chaude (normalement...), le lit moelleux et il y a toujours un bouilloire et du thé. On se fait alors un plaisir de déballer nos affaires et de les faire sécher sur des fils tendus a travers la piece! Et lorsque le lendemain matin on se réveille avec le son de la pluie, on apprend a passer une journée entiere dans une chambre. Ca passe vite...

Une chambre occupee par des cyclos...

Grace a des amis suisses qui ont voyagé dans la région, nous avons le contact d'une jeune femme qui habite avec sa famille dans un petit village perché sur les collines. Ubai possede des plantations de thé et grace a elle, nous découvrons ce monde tres complexe ou la variété des saveurs est infinie. La dégustation de thé, qu'il soit vert, rouge, blanc ou fermenté (puer), est une cérémonie autant gustative que visuelle. Le "maitre" fait infuser quelques feuilles de thé, puis sert le liquide dans des tout petits bols avec une dexterité et une rapidité surprenante. L'opération se répéte entre 10 et 30 fois avec les memes feuilles de thé (suivant la qualité de celui-ci) et c'est autant de fines nuances dans l'amertume et l'apreté du breuvage. Notre palais, pas habitué du tout, a clairement de la peine a les reconnaitre...

Avec Ubai et ses amis, nous passons aussi une délicieuse soirée avec un repas improvisé cuisiné par nos hotes. Comme il y a des invités, un poulet est de mise et le jeune va le chercher dans le poulailler pour le tuer, le plumer et le couper en morceau. Avec ca, des sauces fraichement préparées au pillon, des légumes cuits au feu de bois et bien sur, beaucoup de riz! On est impresionné de voir ces jeunes de notre age savoir cuisiner tous ces produits frais. Et on se régale avec quelques rasades d'alcool de riz! 

Triage des feuilles de the

Village traditionnel du sud du Yunnan

Tout au sud, mous croisons pour la premiere fois la route du Mekong qui n'est encore qu'une riviere de belle taille. Le tropique du cancer est maintenant au nord de notre position et cela se sent avec les nombreux bananiers, cocotiers, plantations de cannes a sucre et hévéas qui jalonnent notre parcours. Il ne fait pas tres chaud, mais l'humidité est forte et on est bien content de pedaler pour avoir un peu d'air.

C'est dans ce climat tropical que nous roulons nos derniers jours en Chine. Au final, nous aurons surtout découvert la Chine des non Chinois et seulement une partie minime de ce pays aussi grand et varié que l'Europe. Le contact avec les habitants n'a pas été aussi facile que dans les pays précédents, mais nous avons rencontré beaucoup de sourires et nous avons souvent été aidés lorsque nous en avions besoin. Petite déception avec le prix exorbitant des différents sites (c'est vite 20-25$ par personne pour entrer dans un monastere par exemple!) qui nous a souvent freinés dans notre envie de visiter.

Entre les chameaux du Xinjiang, les yaks du Sichuan et les bananes du Yunnan, la Chine nous a montré quelques une de ses innombrables facettes et nous a donné l'envie de revenir pour en découvrir d'autres. Mais avant un éventuel retour dans l'Empire du Millieu, c'est le pays au million d'éléphants qui est a portée de nos roues.

Les bananes, le fruit parfait pour les cyclos!
PS: De nouvelles photos ont éte mises sur le diaporama et vous pouvez revivre notre aventure dans le Pamir et au Kirghizstan en version journal de Morges:
http://www.journaldemorges.ch/node/5409

mardi 28 octobre 2014

A la découverte de l'Empire du milieu

Apres six semaines sans nos Papillons, on est ravi de les retrouver pour parcourir les derniers kilomètres qui nous mènent vers la Chine. A nouveau sur les contreforts du Pamir, nous vivons une de nos journées les plus belles du voyage avec un décor de montagnes blanches majestueuses et merveilleuses. D'émerveillement en exclamations, extase et magie nous bercent sur ce haut plateau.






Le passage de la frontière se fait en plusieurs étapes. On doit passer deux fois nos sacoches au rayon X et montrer nos passports un nombre incroyable de fois. 
140km se font obligatoirement en taxi. Nous sommes trois cyclistes pour un petit coffre et un chauffeur sûr de lui... Nous assistons à la fabrication en direct d'un "sandwich de vélos". Un peu d'appréhension mais tout se passe bien, heureusement que la route a été refaite récemment. Grâce à un Bernois croisé au poste suivant, on pedale nos premiers kilomètres en Chine un Ricola en bouche. 

On file sur l'autoroute, sans vraiment s'en rendre compte. Après une nuit sous la route (barbelés empêchant un bivouac plus lointain...), on atteint Kashgar, ville mythique de la route de la Soie. On en avait entendu des remarques plutôt négatives, mais on doit dire qu'avec nos yeux à s'émerveiller de tout, on est fasciné par l'endroit, et surtout par la vie qui se dégage ici. 

Tout est nouveau en Chine, à commencer par la langue et l'écriture. Les accents et intonations sont difficiles à apprendre. Quand on nous demande d'où on vient, ou plutôt lorsqu'on imagine qu'on nous pose cette question, il n'y a que de rares fois où la réponse est comprise à l'oral, on finit donc par montrer le mot écrit, ils le disent, et on doit dire qu'on avait l'impression de dire pareil. Il faut croire que non.

Le marché de nuit est une belle decouverte. Une place sans prétention la journée se transforme en vrai rassemblement le soir. Arrivent de je ne sais où divers stands de nourritures dont les proprietaires crient pour attirer les nombreux Chinois qui viennent souper là. Des jeunes, des moins jeunes, des enfants, des hommes, des femmes, chacun trouve sa place dans ce capharnaum harmonieux et déambule à travers les stands et les petites tables disposées en se demandant ce qu'il pourra bien goûter. 


Des nouilles de toutes sortes aux sauces délicieuses, LA fondue chinoise version géante dans laquelle tu choisis tes brochettes, champignons aux formes abracadabrantes, tofu, légumes, viandes, poissons, fleur de lotus. Aussi du riz, des pois chiches, des mais, et des brochettes dont je ne préfère parfois pas savoir la contenance. Au total, un grand choix végétarien, ce qui n'est pas pour me déplaire, après l'Asie centrale. On finit par du melon ou de la pastèque vendus à la tranche. 



Dans certains restaurants, il y aussi les plats au wok.Toutes sortes de produits frais sont présentés, tu mets ce que tu veux dans un bol, et on te les cuisine de facon savoureuse, toujours.
Et tout ca, à deguster avec les baguettes bien sur. L'eau chaude (et parfois le thé) sont également servis de facon automatique sur les tables.

Kashgar, le dimanche, c'est aussi le marché aux bestiaux le plus grand d'Asie centrale. Des milliers de vaches, taureaux, moutons, chèvres, ânes, chevaux, poules, dromadaires et chameaux se cotoient. Ca crie, ca marchande, ca mange, ca crache, ca teste les montures, ca tâte les bêtes, ca klaxonne. C'est intéressant d'assister à ce genre de marché qui non plonge dans un monde totalement différent, mais c'est aussi difficile pour moi de voir ces animaux qu'on suspend, qu'on attache, qu'on tire, et qui n'ont pas l'air vraiment heureux... comment le pourraient-ils d'ailleurs. 
Les meilleurs à observer sont les chameaux, avec leur air nonchalant et une sorte de passivité dans leur attitude. 







Puis, pour se reposer de toute cette agitation, on se perd dans les ruelles de ce qui reste du vieux Kashgar où on peut observer des hommes fabriquant des clous à la main, d'autres sculptant le bois pour en degager des beaux petits objets. Aussi des "magasins de magicien", chacun tenu par un vieux monsieur avec une barbe frisée blanche et un chapeau. De nombreux pots remplis de produits spéciaux comme des serpents séchés, des lézards ou des carapaces de tortues. 
C'est vivant, et on aime s'impréegner de ces ambiances, et l'arrière fond en immeubles modernes n'y change rien. 




Chaque pays a ses particularités. Un de la Chine, et pas le moins important pour les petits et lents cyclistes que nous sommes, est sa taille (environ 230 fois la Suisse...). On a eu besoin de 2 semaines pour traverser la Suisse, je vous laisse calculer le temps qu'il nous faudrait pour la Chine...

On expérimente donc le train couchettes puis les "hard seat", ou c'est bondé en cette semaine de vacances nationales (moins drôle...) pour les 50 heures de traversée du désert du Taklamakan. On finit par un bus couchettes pour atteindre la ville Yushu à 3680 mètres, près de la frontière du Tibet. Après un an en pays musulman, le contraste est de taille. On est comme propulsé dans un autre monde. 
Sur les versants des montagnes, de part et d'autres d'une rivière, sur les cols, des guirlandes multicolores de drapeaux de prières flottent au vent, celui-ci envoyant et propageant les prières par delà les vallées et montagnes. 

Leurs couleurs signifient rouge pour le feu, blanc pour l'espace,
jaune pour la terre, bleu pour l'eau et orange ou vert pour la forêt,
les arbres et les cultures
.

Ce qu'on pourrait prendre pour des tas de pierres, sont souvent des murs de mani, dont les pierres portent l'inscription "Om mani padme om", une prière fréquemment murmurée par les gens (litterallement:" salut ô joyaux dans la fleur de lotus").  Ces murs doivent être contournés dans le sens des aiguilles d'une montre afin de réduire le temps qui nous sépare de l'accès au nirvana, après les multiples réincarnations.

murs de mani
moulins a prieres "hydrauliques"

Sur les routes, on a parfois l'impression que le klaxon est connecté a l'accélerateur... Pour avertir de dépassement, en cas de croisement, s'il n'y a pas de visibilité, pour dire bonjour, toute occasion est bonne d'utiliser cet instrument. Si c'est une signe de sagesse que d'y être indifférent, et bien j'ai encore du travail. 




On monte sur le plateau tibétain, à plus de 4000 mètres où les vaches laissent place aux yacks et aux nomades. On roule une bonne semaine là haut. On pensait avoir atteint un maximum d'altitude au Pamir, mais non, la vie, ou plutôt la route,  réserve toujours des surprises. On grimpe, on grimpe pour atteindre un col coloré à 4700 mètres. Des moines sortent de leurs voitures et jettent des poignéees de petits papiers recouverts de prières qui s'envolent au vent.


Les rapaces à l'envergure immenses volent au-dessus de nous. Les chiens de terrier sortent la tête et nous observent par centaines dans ces grandes prairies. 


Un grand nombre de routes sont en construction, hommes et femmes travaillant ensemble. C'est la première fois qu'on voit des femmes travailler dans ce type de tâche, à l'équivalent des hommes. Lorsqu'on traverse des villages, on observe souvent les gens qui travaillent ensemble à la construction de nouvelles maisons. Le travail collectif a l'air d'être de mise. 





Le long de la route, on peut admirer un grand nombre
de monasteres, ou gompa,
 accroches sur les montagnes avec leurs toits dores
et leurs nombreuses maisons alentourspour les moines.

On laisse nos vélos dans la ville de Maniggango, atteinte en camion-stop - on aime bien varier les moyens de transport -, pour se rendre à Dege par une piste sublime, aux longues courbes, pour atteindre un col à plus de 5000 mètres. A Dege, on peut visiter une des trois plus importantes imprimeries tibetaines du monde qui existe depuis le debut du 18e siècle. Des hommes y travaillent par groupe de quatre. L'un s'occupe qu'il y ait toujours un papier ou un tissu d'impression, un autre va chercher les presses qui sont rangées dans des grands étalage sombres et les deux derniers s'occupent de l'impression elle-même. Leurs gestes sont rapides et précis, pour mettre le papier, étaler l'encre, passer un coup de rouleau et retourner les papiers pour imprimer l'autre face. Leur corps bouge d'avant en arrière en récitant des mantras. Ils ne sont que très peu payés mais ce travail est considéré comme très positif pour le Karma. 
Par paire, ils peuvent imprimer plusieurs milliers de feuilles par jour. 




Un après-midi, on trouve une piscine chaude naturelle à côté d'un monastère. On en profite pour se doucher et faire notre lessive, comme les locaux et moines qui se frottent le dos parmi. L'eau est claire, mais les alentours sont jonchés de déchets. Il faudrait revenir dans 20 ans pour voir comment cela évolue. 



Avant la ville de Litang, on rencontre trois cyclistes chinois se rendant a Lhassa. Ils sont beaucoup à faire cette route mythique. Nous voyons toutes sortes de pélerin, entre les vielles dames avec un gros sac et ceux qui se prosternent à chaque pas avec des plaquettes de bois sur les genoux et les mains pour se protéger.

 Là, nous avons le choix entre un col en piste poussiéreuse ou un tunnel en construction. Ces trois ont l'air de savoir ce qu'ils font et nous les suivons dans ce souterrain. Des machines, quelques personnes au travail, des trous, beaucoup d'eau qui coule, peu de lumière, mais après 3km, nous sommes contents de retrouver la lumière du jour!

De là, il nous faut à nouveau prendre les transports pour descendre plus au sud dans la province du Yunnan, notre visa expirant bientôt, il faut trouver une ville pour le prolonger. Des trajets superbes avec nos vélos sur le toit ou dans un coffre. Des champs de pierres, des mélèzes orangés de toute beauté, des gorges profondes, des cols, ce n'est jamais vraiment plat par ici. 

Apres deux jours de trajets, on atteint la ville de Shangri La, à la frontière de cette nouvelle province.