dimanche 8 juin 2014

Les Papillons prennent leur envol


Ca y est, ca faisait des mois qu'on en parlait, qu'en on revait et qu'il nous inquiétait aussi, et on a fini par l'atteindre, le Turkmenistan. 

Avant cette folle traversée, trois jours superbes plein de surprises entre Mashad et la frontiere. Un paysage bien constrasté entre champs, collines aux couleurs changeantes, désertiques et verdoyantes, belles formations calcaires.










Dans un village a l'air abandonné, on ne résiste pas a un petit détour, afin de découvrir  le caravansérail de Robat Sharaf, chef d’oeuvre de plus de 800ans, au milieu d'une plaine aride. On se prélasse la quelques heures en milieu de journée en attendant que le soleil tape moins. Quand on reprend, c'est le vent de travers qui nous met presque a terre. Pas toujours facile de gérer avec les éléments naturels. 





Sur cette route, on est toujours a la recherche de mini-échoppes ou on peut trouver des boissons fraiches. Un coca sortant du frigo prend beaucoup de valeur a nos yeux. Un matin, on a droit a un petit déjeuner improvisé sur le bord de la route, l'Iranien nous ayant invité vers lui, son thermos de thé a la main. 




Jour J-1, on se repose l'apres-midi a Sarakhs, la ville frontiere. On prévoit 10 litres d'eau chacun en prévision du lendemain. Nos papillons n'ont jamais été si chargés depuis le début du voyage.




Jour J, a 7h45, on est a la frontiere iranienne, en principe ils ouvrent a 8h mais on est vendredi ( équivalent du dimanche chez nous...). Ce n'est donc pas avant 9h qu'on peut avoir un douanier et pas avant midi qu'on peut enfin entrer en territoire turkmene après avoir du rester bien patient de la lenteur des procédures et a devoir faire et défaire notre chargement pour qu'ils vérifient le contenu de nos sacoches. Ils allaient jusqu’a regarder dans les paquets de cigarettes des gens qu’on voyait passer avant nous.

On se décourage un peu. Il faut dire que chaque minute est précieuse dans ce pays, avec un visa de transit de 5 jour et presque 500km a parcourir dans le désert en grande partie. La c’est déja une demi-journée en moins. Il faudra qu'on double la cadence habituelle journaliere, pas une mince affaire pour les lents cyclo que nous sommes. 


A la frontiere, on est content de rencontrer Thierry, un cyclo Francais parti il y a 3 mois de chez lui. On parcourra ces cinq jours avec lui et il nous sera d'une grande aide notamment pour faire la locomotive contre le vent par moment. C’est intéressant de partager ces experiences de voyages et de comparer  les styles de chargement par exemple. On se sent particulierement lourds…

Les 100 premiers km se font sur une route defoncée. On slalome du mieux qu’on peut entre les nids de poule ou plutot des nids d’éléphants ici.




On atteint la ville de Mary, assez surprenante, ou d'énormes batiments plutot neufs ne semblent pas s'accorder dans le décor. Leurs alentours sont déserts. L'ancien président, Niazov, voulait faire l'age d'or du pays et se vouait au culte de sa personnalité. Il a changé les noms des jours et des mois par des noms de sa famille et de ses amis et on voit sa photo partout en grand.  Pour ne citer que quelques regles (absurdes) imposées, on peut noter l’interdiction d’écouter de la musique en voiture ou l’interdiction les ballets de danse. Ce dernier président est décédé mais le nouveau reste un dictateur. Aucune liberte d'expression pour ce people a qui le président offre  l’électricité et le gaz, le pays en étant riche.




On a plaisir a parcourir un moment le marché de cette ville ou la plupart des femmes portent des longues robes tres saillantes. Il semblerait que cela aussi soit imposé. 

On rentre après a proprement parlé dans le désert du Karakom, des dunes sableuses recouvertes de quelques petits arbustes supportant certainement mieux la chaleur que nous. On voit des dromadaires le long de la route, ca nous plonge au temps des caravanes.




Les quatres matins dans ce pays, le réveil sonne a 4h30. Ces petites nuits sont compensées par les longues pauses de midi a l’ombre permettant de ne pas rouler en plein cagnard. Puis on continue jusqu’au coucher du soleil. On n’a pas l’habitude de ce rythme mais c’est aussi un beau défi.



Les kilometres ne défilent pas aussi vite qu’on le voudrait avec le vent qui vient nous titiller le bout du nez et pas le dos. Chaque soir, on essaie de se convaincre qu’il tournera durant la nuit, mais non, rien n’y fait.
Un soir, on campe a coté d’un petit café. Une biere pour l’apéro, ca faisait des mois qu’on n’avait pas eu droit a ca. On savoure chaque petit plaisir. Les gens ont l’air tres sympathiques, mais ca a un coté frustrant de devoir tracer comme ca sans pouvoir prendre le temps de s’arreter davantage. Ce pays mériterait qu’on y passe plus de temps, et pas seulement pour avoir des journées a moins de kilometres.




Dernier jour, on se sent pret pour les 65km qu’il nous semble devoir encore faire jusqu’a la frontiere selon la carte. Trouver sa route n’est pas une mince affaire en entrant a Turkmenabat, la derniere ville avant le poste-frontiere. Pas un panneau, a chaque croisement on s’arrete, mais ce n’est pas toujours les memes directions qu’on nous donne. Apres la traversée de l’Amour, et 10km particulierement éprouvant, en fin de journée, on atteint enfin cette frontiere a l’air assez sauvage. On ne s’attendait pas a ca.
35km en plus que prévu, on ne sait pas tres bien d’ou ils viennent, mais le plus important, c’est d’etre la, en Ouzbekistan. On a l’impression de planer et on pose notre tente la, quelques centaines de metres après la frontiere a la tombée du jour. On est fiers d’avoir fait cette traversée, on se réjouit de prendre une douche et de découvrir plus tranquillement les beautés de l’Ouzbekistan. 






dimanche 25 mai 2014

Toutes ces merveilles

Nos vélos étant en cure de jouvance dans l'un des innombrables ateliers du sud de Téhéran, c'est le bus que nous utilisons pour visiter la partie sud de l'Iran. Ce changement c'est pas le seul puisque nous voyageons a trois, en compagnie de mon pere, venu deux semaines pour vérifier qu'on ne faisait pas de betises... En fait, il est surtout venu pour profiter des incroyables richesses de cette région de l'ancienne Perse.

 A commencer par Ispahan, certainement une des plus belles villes du monde islamique. La ville mérite son surnom de "moitié du Monde", surtout lorsqu'on pénetre sur l'immense place de l'Imam ou on peut facilement penser qu'il n'y a plus besoin d'aller voir plus loin. Deux sublimes mosquées se refletent dans un bassin central et cotoyent un palais et une porte monumentale indiquant l'entrée du bazar. Toute la place est entourée par un double étage d'arcades tres harmonieux et elle a la force de rester tres vivante. En effet, les familles viennent y pic-niquer le soir, les marchands font une sieste aux heures chaudes et les touristes se cachent derriere leurs appareils photo. Les Iraniens nous sourient, nous souhaitent la bienvenue dans leur pays et dans un tel décors, il devient tres difficile de quitter cette place, que ce soit de jour ou de nuit.


La place au crepuscule...
... et de nuit.
La mosquee de l'Imam (ou du Shah suivant les personnes).
Mosquee des femmes, l'autre joyaux de la place de l'Imam


Plus au sud, a Shiraz, ce sont les jardins de roses et les bazars envoutants qui remplissent nos journées. On laisse nos yeux et notre nez nous guider entre les bijoux de turquoise, les montagnes d'épices, les tapis persans et les tissus multicolores. Le soir, c'est autour de la tombe du poete Hafez que nous prenons conscience de la culture millénaire du pays. Des gens de tout age sont réunis pour discuter et lire quelques uns de ses poemes. Ses vers nous ramenent vers un Iran ou le vin coulait a flot et ou les poetes se laissaient séduire par de sensuelles danseuses...Nous visitons aussi les fabuleux vestiges de la cité de Persepolis. Les bas-reliefs, vieux de 2500 ans, ont gardé tous leurs détails et permettent de mieux nous imaginer la grandeur de l'empire que Darius le Grand avait conquis. 

Les couleurs ennivrantes du bazar
La finesse et la mageste de Persepolis


Nous traversons un desert pour atteindre Yazd et ses célebres tours du vent. Ingénieuses constructions qui permettent depuis bien longtemps d'amener de l'air frais a l'intérieur des maisons. Aujourd'hui, on appelle ca la climatisation... Le magnifique dédale de ruelles de la vieille ville est envoutant. Les constructions en pisé contrastent avec le bleu éclatant des faiences des mosquées et lorsqu'une femme en tchador passe dans ce décors, il s'en dégage une harmonie complete. Les vieille portes en bois ont chacune deux heurtoirs qui ont une sonorité différente et qui sont utilisés distinctement par les hommes et les femmes. Ici, il est possible d'annoncer son sexe en frappant aux portes!Entre petites siestes, sourires de bienvenues et maisons de thés élégante, deux semaines avec son pere passe tres vite. Et voila déja son avion qui repart pour la Suisse. 6 heures de vol contre 10 mois a vélo...De retour dans la capitale, on termine nos formalités administratives qui n'ont rien d'une formalité... Mais on finit par y arriver! On quitte Arman et sa famille chez qui on s'est senti comme a la maison pendant pres de 10 jours au total. Merci a eux pour leur générosite et leur amitié qui resteront comme nos principaux souvenirs de Teheran.

Ruelle de la vieille ville de Yazd
Yazd, vue depuis les toits
Encore un dernier the pour la route!


Apres presque un mois sans rouler, on est tout excité de retrouver nos deux papillons, meme s'il s'agit d'abord de quitter la mégapole de 15 millions d'habitants. Dans un premier temps, on rejoint les bords de la mer Caspienne en traversant une chaine de montagne. On est impressionné par les contrastes entre la route au fond d'un canyon le matin et les... rizieres de l'apres-midi! Lors d'une pause au bord de la route, on rencontre un groupe de jeunes Iraniens qui nous convainquent (facilement) de venir boire le thé dans leur appartement. Il s'agit en fait d'une véritable soirée disco en plein apres-midi! A peine la musisque commence-t-elle que tout le monde saute sur les tapis avec les bras en l'air. Les femmes sont dévoilées, sans complexe, et les hommes servent le thé en se tremoussant. C'est pour eux le véritable visage de l'Iran, celui qu'ils veulent qu'on partage a notre retour. On n'hésitera pas.

Au pied du Mont Damavand (5600m et quelques)

Dans le décors luxuriant du nord du pays, on découvre le plaisir de rouler vite. Enfin, vite pour nous... Quelques belles étapes nous font bien progresser vers l'est, mais l'attrait des petites routes sinueuses de montagne est plus fort que la vitesse et on n'hésite pas a retraverser une chaine de montagne en direction du sud. Une nouvelle fois, la diversité des paysages nous éblouit. Forets denses et champs cultivés a la main et en famille le matin, grandes plaines désertiques sans ombre l'apres-midi. Jusqu'a Mashad, nous roulons entre les plaques de sel, les gros villages poussiéreux et quelques zones irriguées ou le vert refait surface. Si les mammiferes sont rares, on découvre avec plaisir des oiseaux magnifiques aux ailes bleu profond, jaunes ou blanches. Si leurs chants nous réveillent le matin, c'est que nous avons trouvé une bonne place pour la tente! 

Les prairies verdoyantes du matin

Et les contrees arides de l'apres-midi

2eme interview pour la television iranienne

Il commence a faire chaud...

Entre les rizieres, la surprise fut belle de traverser ces paysages!


Entre ces environnements si variés, une seule constante: la gentillesse et la disponibilité des Iraniens. Apres plusieurs jours "en sauvage", rien ne vaut le confort d'une piece recouverte de tapis, de quelques fruits frais et d'une douche. Et les Iraniens sont rois en la matiere! En deux semaines, on a mangé un gateau d'anniversaire (pas le notre), gouté des petite prunes vertes pas mures (et pas bonnes...), répondu a deux journalistes, recu glaces, yoghourt, fruits et sucreries au bord de la route, été escorté par la police, partagé une pasteque avec un vieux gardien de pont et bu on ne sait combien de thés.On a aussi refusé pas mal d'invitations, soit parce qu'elles tombaient mal (il fait nuit, tout notre campement est pret et on est fatigué), soit parce que par moment, une petite soirée tranquille avec pates et lecture nous fait aussi du bien. Dans ces cas, l'hospitalité iranienne nous semble "trop grande" et ce n'est pas facile de trouver les bons mots en farsi pour ne pas vexer nos interlocuteurs.

Juste avant de rentrer dans la tente pour dormir

A Mashad, nous prenons deux jours de congé pour nous reposer. C'est dans cette ville sainte pour les Chiites, l'Imam Reza a son tombeau ici, que nous allons recupérer notre visa turkmene. Depuis la, il nous faudra trois jours pour atteindre la frontiere avant de commencer notre challenge a travers les plaines du Turkmenistan. Pres de 500km a parcourir en 5 jours, on espere que le vent sera de notre coté...


Autour de la nappe, 5 generations de difference! La petite, sa mere, sa grand-mere et son arriere-arriere grand-mere. Il ne manque que l'arriere grand-mere!

PS: voici le lien du dernier article sur le journal de Morges:  http://www.journaldemorges.ch/node/4831

lundi 5 mai 2014

debut en Iran


Ca y est! Nous y voila! Sur un superbe col au milieu des montagnes enneigées, on fait nos premiers kilometres en Iran. Quelle émotion de rentrer dans ce pays dans un cadre si somptueux.




La nuit va bientot tomber, et la premiere ville est vite atteinte. 
On se rend rapidement compte de la gentillesse iranienne avec des gens en voiture qu'on peut suivre et qui demandent a tout le monde l'hotel le plus proche, eux n' étant pas de cette ville. 

Le lendemain, c'est le 13e jour apres leur nouvel an, et pour conjurer le mauvais sort lié au nombre 13, tout le monde sort et va pique niquer a l'extérieur. Les Iraniens sont de vrais professionnels en matiere de pique nique. Tapis, casserole, soufflet pour le feu, petits plats mijotés, tente pour se protéger du soleil. En fin d'apres-midi, on met notre tente au milieu des leurs sur un des rares bouts d'herbe plats encore libres. On est rapidement prié de venir boire le thé et partager le repas avec une famille. Toutes les femmes ont vetu leur plus belles robes. On papote,on rigole et on tente d'apprendre nos premiers mots de farsi mais dans cette région, ils parlent kurde, mais un kurde différent qu'en Irak bien sur. 




Nous sommes invités le lendemain a loger chez eux dans la ville suivante. La nuit tombe et toutes les familles s'en vont. On retrouve le calme de notre tente. 



Le lendemain donc, on retrouve nos amis apres une route nous ayant fait traversé de magnifiques paysages sur les hauteurs. 

Nous découvrons un bel intérieur typique iranien avec tapis et fauteuils nombreux (meme si les repas sont pris sur le sol) ainsi que sculptures sur le plafond. On se croirait dans un musée.



On passe du tres bon temps dans cette famille et on finit par rester deux nuits ayant été invites par un oncle pour un repas qui bien entendu, s'est prolongé dans l'apres-midi. 
En Iran, un étranger est considéré comme un "don de Dieu" et chacun veut en avoir une petite partie...




Ici, on apprécie ces petits moments d'échange ou lors d'un pic-nic sur le bord de la route, on nous apporte un petit plateau avec deux tasses de thé ainsi que de belles oranges. Ici, pas de cueillere pour le thé, tu coinces le sucre dans la bouche et tu essaies de le faire fondre petit a petit a chaque gorgée...

On apprend aussi vite les regles du ta'arof dans ce pays. Quand on t'invite pour un repas, pour un thé ou qu'on ne veut pas que tu paies au restaurant par exemple, il faut d'abord refuser deux fois. Pour etre "validée", chaque offre doit etre répétée a trois reprises. Cela permet a chacun de pouvoir faire une invitation mais de ne pas la réitérer si ce n'est pas son intention. C'est un peu déroutant au début mais on prend l'habitude. 

On atteint Tabriz apres des heures a plat sur une route filant dans un paysage assez désertique. La bas, on est accueilli dans une collocation de jeunes. On se rend compte qu'a l'intérieur des appartements, tout est bien différent qu'a l'extérieur. On discute avec eux de toutes les restrictions imposées par le gouvernement.  Etre entre filles et garcons non mariés ou pas de la meme famille, boire de l'alcool, utiliser facebook, ...
Dans cet appartement, on passe de bons moments avec leurs amies (sans hidjab), on fait une soirée vodka (achetée au noir chez un dealer, une bouteille de vodka russe fabriquée aux Etats-unis et bue en Iran..). La musique est douce, il ne faut pas trop déranger les voisins. 
C'est intéressant d'entendre leurs points de vue tres critiques sur le gouvernement et de pouvoir échanger sur leur maniere de vie et leurs envies. 

En ville, ils nous font découvrir un petit-déjeuner délicieux: bol de creme avec miel, espece d'oeufs brouillés a la tomate, et pate de datte et sésame. Un régal. Et ca dans un petit "bistrot" bien convivial ou les hommes sont tous assis les uns a coté des autres a discuter. 
Quelque chose qui nous suprend en Iran, c'est cette impression que tout le monde se connait. Quand on voit nos hotes discuter avec le chauffeur de taxi ou notre voisin de table, si on ne le savait pas, on pourrait penser qu'ils sont de vieux amis. 





Ici, j'aime observer les femmes et me rendre compte la maniere qu'elles ont de s'approprier les restrictions sur l'habillement. Le foulard est porté toujours plus en arriere et laisse paraitre des coiffures tres sophistiquées. La plupart sont tres élégantes, belles et séduisantes. Le fait d'etre "couvertes" n'y change rien, au contraire...

Apres quelques belles journées avec ces jeunes, on met nos vélos dans le train pour Téhéran. Avant ca, on doit parcourir les quelques kilometres jusqu'a la gare. Finalement on prend confiance dans ce traffic qui semble assez anarchique au premier abord. Le truc c'est d'avoir l'air sur de soi... et souvent les voitures s'arretent ou nous aident a passer quand on doit traverser ou prendre une présélection a gauche. 

Téhéran , on retrouve Arman et sa famille que Sebastien avait rencontrés lors de son voyage sept ans auparavant et avec qui il avait partagé un pic-nic arrosé. On a meme droit a une séquence nostalgie et je peux voir Séb chantant le début de l'hymne national suisse du haut de ses 19 ans. On rigole bien. On passe quelques jours dans cette mégapole car on doit y chercher les visas pour la suite. C'est un vrai jeu de piste a travers les quartiers cossus de la ville ou les ambassades sont placées. Il faut faire preuve de patience et de diplomatie. Finalement on recoit 47 jours pour le Tadjikistan et donc le Pamir, une vraie suprise! Les autres visas sont en cours. L'Asie centrale n'est plus tres loin...


comment adapter les etiquettes du bazar...

Une amie de l'EPFL nous organise également une interview avec la télévision. Finalement ce sont plusieurs chaines qui viennent nous poser des questions. Il était trop compliqué pour nous de prendre nos vélos  pour les photos et films qu'ils voulaient absolument faire, alors ils nous en ont trouvé et on s'est retrouvé a pédaler sur ces vélos électrique de location avec un sac sur le dos... La semaine suivante, c'est a quatre reprises qu'on nous arrete dans la rue pour nous dire qu'on nous a vus la télévision. 





Une fois l'administratif terminé, on apporte nos papillons dans un magasin expert pour leur faire faire un service de (mi?) parcours. Ils en ont bien besoin...Apres ca, on peut découvrir les quelques palais et jardins de la ville datant du Shah. 




La veille de notre départ pour le sud, on se leve aux aurores. A peine une heure de voiture pour se retrouver un pleine nature au pied des montagnes. Ici, pas de petit-déjeuner avant de commencer a marcher, mais apres une belle grimpette. Et la, des couvertures sont sorties ainsi que plein de petites boites avec fruits, légumes, confitures, fromages, dattes, oeufs et bien sur la théiere pour préparer du thé chaud avec les herbes cueillies sur le chemin. Tout occasion est bonne pour entonner un chant, dont tout le monde connait les paroles et reprend en choeur. On doit bien sur leur chanter quelque chose et on s'essaie au vieux chalet... C'est une belle journée aux paysages bien variés avec parfois en toile de fond, la gigantesque capitale. 


Derniere soirée avec cette tres sympathique famille. Nos affaires vont rester la quelques temps pendant qu'on part découvrir le sud en mode backpackers. 

mercredi 16 avril 2014

Newruz au Kurdistan irakien!

21 mars. Premier jour du printemps et derniers kilometres en Turquie pour nous. Apres presque 6 mois dans ce pays, ca nous fait quelque chose de le quitter. Melange d'emotions et d'appréhensions en voyant la frontiere irakienne approcher. Si nous entrons bien en Irak, c'est en fait dans la région autonome kurde qui occupe la partie nord du pays que nous roulerons. Dans la premiere ville, on est surpris par les rues désertes et les stores des magasins baissés. C'est agréable pour pédaler, mais ca ne nous donne pas envie de rester. Le 21 mars est le jour de Newruz (nouvel-an pour les Iraniens et les Kurdes) et c'est aussi le début officiel de la saison des pique-niques, hobby préféré des familles kurdes! Nous prenons alors les petites routes se faufilant entre les montagnes et c'est le début de 12 jours complétement fous...

Famille et pique-niques sont innombrables...


Tous les Kurdes sont sur leur 31!

Il y a d'abord ce nombre incroyable de pick-up qui transportent tout le nécessaire pour un vrai pique-nique: tapis, chaises, bois de feu, glaciere, hauts-parleurs, assiettes et grands plats, samovar pour le thé, couverture pour le frais, tente pour le soleil, etc... On a meme vu une machine  a pop-corn! Entre tous ces objets, des gamins qui chantent, des femmes qui tapent dans leurs mains et des conducteurs qui abusent comme jamais du klaxon. Les drapeaux kurdes flottent un peu partout, il y en a meme un a l'arriere du vélo de Delphine. Les femmes ont revetu leur plus belle robe, tres colorée et on a l'impression que le bord des routes sont envahis de princesses gambadant a travers champs!
Le village d'Amedi

Les prairies et le moindre endroit plat sont pris d'assaut par les familles qui étalent leurs tapis et s'installent pour la journée. Au beau milieu de cette ambiance festive, nous essayons d'avancer avec nos deux Papillons. Essayons, car on nous arrete souvent au bord de la route pour nous prendre en photo ou pour nous donner a boire (un jeune, apres avoir pris une photo entre nous deux, va  chercher un parfum dans sa voiture pour nous asperger généreusement... Le message est clair). On nous souhaite la bienvenue au Kurdistan avec un grand sourire et on nous remercie de visiter cette région. C'est plutot nous qui devrions les remercier...

Salades, kebab et pain pour un pique-nique parfait avec un groupe d'amis irakiens

Plusieurs familles partagent leurs grillades et salades avec nous et c'est vraiment difficile de dire non, meme si l'on vient de manger 4km avant... Notre rythme quotidien baisse alors que notre nombre de rencontres augmente. Un jour, nous parcourons les 500m qui séparent notre campement de la route. La, on est invité par le policier du village a prendre le petit-déj avec sa femme et sa fille. Lait chaud sucre, biscuits aux noix et "discussions" en kurde ou avec les mains (surtout les mains en fait...). On reprend notre route, mais 5km plus loin, c'est un groupe d'hommes qui nous arrete. Ils viennent de Mossoul et passent trois jours dans le coin. Ils veulent nous inviter a partager leur pique-nique et comme il est passe 11h30, on se laisse tenter. S'en suit une apres-midi tres riche en rires et en échanges d'expériences. Ces 12 hommes n'ont pas arreté de nous dire a quel point ils avaient peur de rentrer, car leur femme les attendraient de pied ferme. Il faut dire qu'ils n'ont meme pas osé leur dire qu'ils partaient pour 3 jours... Chacun a son tour devait donc répondre a son mobile en trouvant les meilleures excuses possibles. Ce qui avait le don de faire éclater de rire les autres. Avant que leur tour ne vienne...
Quelques reglages avant que le soleil ne se couche

Cette traversée du Kurdistan est aussi marquée par les paysages montagneux magnifiques et par les nombreuses nuits sous tente ou nous nous brossons les dents sous des milliers d'étoiles. Deux fois, nous sommes accueillis chez l'habitant et on nous traite avec tellement d'égards que ca en devient presque un peu genant. Une petite frayeur quand meme lorsqu'un soir, alors que nous avons installé notre tente pres de la route sur le seul endroit plat disponible, une voiture s'arrete a notre hauteur et dirige ses phares dans notre direction. A moitié ébloulis, on distingues deux formes humaines se dirigeant vers nous. Alors qu'ils sont a quelques metres de nous, on se rend compte qu'ils sont sérieusement armés... Pas vraiment le temps d'avoir peur qu'ils commencent a nous parler. Et la seule intonation de leur voix nous rassure. Ils sont apparement de l'armée et ils veulent qu'on change d'endroit car cette place est trop dangereuse. A cause de quoi? Il y a des loups... On  négocie ferme pendant une demi-heure avec l'interprete qu'ils ont "emprunté" sur la route pour finalement pouvoir passer la nuit ici. Meme si dans le fond ils voulaient simplement notre sécurité, on avait vraiment pas envie de défaire tout notre campement de nuit pour reprendre la route jusqu'a on ne sait ou... Deux heures plus tard (presque minuit...), c'est le meme scénario avec le "groupe de sécurité" du village voisin. De nouveau les loups et de nouveau une petite négociation pour rester.
Tenue traditionnelle kurde et tenue traditionnelle de voyageur

Apres une belle montée de col ensoleillée et avec meme un peu de vent dans le dos, on apercoit la frontiere. Pas si facile de ressortir du Kurdistan irakien... On doit passer toutes nos affaires aux rayons X avant un interrogatoire poussé ou toutes nos photos sont vérifiées et ou on me demande meme de montrer mes épaules nues... Ca finit par passer quand meme! A une centaine de metres de nous, deux immenses photos des imam Khomeini et Khamenei nous regardent. Au-dela de ces photos, on sera en l'an 1393, le sens de l'écriture sera inversé et il ne faudra plus que les cheveux de Delphine soient visibles. Dans une centaine de metres, nous entrons en République Islamique d'Iran!

On campe la cette nuit? Oui, ca me parait pas trop mal!

P.S: Lien pour le dernier article publié sur le site du journal de Morges: http://www.journaldemorges.ch/categories/voyage

P.S (bis): On n'a malheureusement vu aucun loup durant notre traversée du Kurdistan...