dimanche 25 mai 2014

Toutes ces merveilles

Nos vélos étant en cure de jouvance dans l'un des innombrables ateliers du sud de Téhéran, c'est le bus que nous utilisons pour visiter la partie sud de l'Iran. Ce changement c'est pas le seul puisque nous voyageons a trois, en compagnie de mon pere, venu deux semaines pour vérifier qu'on ne faisait pas de betises... En fait, il est surtout venu pour profiter des incroyables richesses de cette région de l'ancienne Perse.

 A commencer par Ispahan, certainement une des plus belles villes du monde islamique. La ville mérite son surnom de "moitié du Monde", surtout lorsqu'on pénetre sur l'immense place de l'Imam ou on peut facilement penser qu'il n'y a plus besoin d'aller voir plus loin. Deux sublimes mosquées se refletent dans un bassin central et cotoyent un palais et une porte monumentale indiquant l'entrée du bazar. Toute la place est entourée par un double étage d'arcades tres harmonieux et elle a la force de rester tres vivante. En effet, les familles viennent y pic-niquer le soir, les marchands font une sieste aux heures chaudes et les touristes se cachent derriere leurs appareils photo. Les Iraniens nous sourient, nous souhaitent la bienvenue dans leur pays et dans un tel décors, il devient tres difficile de quitter cette place, que ce soit de jour ou de nuit.


La place au crepuscule...
... et de nuit.
La mosquee de l'Imam (ou du Shah suivant les personnes).
Mosquee des femmes, l'autre joyaux de la place de l'Imam


Plus au sud, a Shiraz, ce sont les jardins de roses et les bazars envoutants qui remplissent nos journées. On laisse nos yeux et notre nez nous guider entre les bijoux de turquoise, les montagnes d'épices, les tapis persans et les tissus multicolores. Le soir, c'est autour de la tombe du poete Hafez que nous prenons conscience de la culture millénaire du pays. Des gens de tout age sont réunis pour discuter et lire quelques uns de ses poemes. Ses vers nous ramenent vers un Iran ou le vin coulait a flot et ou les poetes se laissaient séduire par de sensuelles danseuses...Nous visitons aussi les fabuleux vestiges de la cité de Persepolis. Les bas-reliefs, vieux de 2500 ans, ont gardé tous leurs détails et permettent de mieux nous imaginer la grandeur de l'empire que Darius le Grand avait conquis. 

Les couleurs ennivrantes du bazar
La finesse et la mageste de Persepolis


Nous traversons un desert pour atteindre Yazd et ses célebres tours du vent. Ingénieuses constructions qui permettent depuis bien longtemps d'amener de l'air frais a l'intérieur des maisons. Aujourd'hui, on appelle ca la climatisation... Le magnifique dédale de ruelles de la vieille ville est envoutant. Les constructions en pisé contrastent avec le bleu éclatant des faiences des mosquées et lorsqu'une femme en tchador passe dans ce décors, il s'en dégage une harmonie complete. Les vieille portes en bois ont chacune deux heurtoirs qui ont une sonorité différente et qui sont utilisés distinctement par les hommes et les femmes. Ici, il est possible d'annoncer son sexe en frappant aux portes!Entre petites siestes, sourires de bienvenues et maisons de thés élégante, deux semaines avec son pere passe tres vite. Et voila déja son avion qui repart pour la Suisse. 6 heures de vol contre 10 mois a vélo...De retour dans la capitale, on termine nos formalités administratives qui n'ont rien d'une formalité... Mais on finit par y arriver! On quitte Arman et sa famille chez qui on s'est senti comme a la maison pendant pres de 10 jours au total. Merci a eux pour leur générosite et leur amitié qui resteront comme nos principaux souvenirs de Teheran.

Ruelle de la vieille ville de Yazd
Yazd, vue depuis les toits
Encore un dernier the pour la route!


Apres presque un mois sans rouler, on est tout excité de retrouver nos deux papillons, meme s'il s'agit d'abord de quitter la mégapole de 15 millions d'habitants. Dans un premier temps, on rejoint les bords de la mer Caspienne en traversant une chaine de montagne. On est impressionné par les contrastes entre la route au fond d'un canyon le matin et les... rizieres de l'apres-midi! Lors d'une pause au bord de la route, on rencontre un groupe de jeunes Iraniens qui nous convainquent (facilement) de venir boire le thé dans leur appartement. Il s'agit en fait d'une véritable soirée disco en plein apres-midi! A peine la musisque commence-t-elle que tout le monde saute sur les tapis avec les bras en l'air. Les femmes sont dévoilées, sans complexe, et les hommes servent le thé en se tremoussant. C'est pour eux le véritable visage de l'Iran, celui qu'ils veulent qu'on partage a notre retour. On n'hésitera pas.

Au pied du Mont Damavand (5600m et quelques)

Dans le décors luxuriant du nord du pays, on découvre le plaisir de rouler vite. Enfin, vite pour nous... Quelques belles étapes nous font bien progresser vers l'est, mais l'attrait des petites routes sinueuses de montagne est plus fort que la vitesse et on n'hésite pas a retraverser une chaine de montagne en direction du sud. Une nouvelle fois, la diversité des paysages nous éblouit. Forets denses et champs cultivés a la main et en famille le matin, grandes plaines désertiques sans ombre l'apres-midi. Jusqu'a Mashad, nous roulons entre les plaques de sel, les gros villages poussiéreux et quelques zones irriguées ou le vert refait surface. Si les mammiferes sont rares, on découvre avec plaisir des oiseaux magnifiques aux ailes bleu profond, jaunes ou blanches. Si leurs chants nous réveillent le matin, c'est que nous avons trouvé une bonne place pour la tente! 

Les prairies verdoyantes du matin

Et les contrees arides de l'apres-midi

2eme interview pour la television iranienne

Il commence a faire chaud...

Entre les rizieres, la surprise fut belle de traverser ces paysages!


Entre ces environnements si variés, une seule constante: la gentillesse et la disponibilité des Iraniens. Apres plusieurs jours "en sauvage", rien ne vaut le confort d'une piece recouverte de tapis, de quelques fruits frais et d'une douche. Et les Iraniens sont rois en la matiere! En deux semaines, on a mangé un gateau d'anniversaire (pas le notre), gouté des petite prunes vertes pas mures (et pas bonnes...), répondu a deux journalistes, recu glaces, yoghourt, fruits et sucreries au bord de la route, été escorté par la police, partagé une pasteque avec un vieux gardien de pont et bu on ne sait combien de thés.On a aussi refusé pas mal d'invitations, soit parce qu'elles tombaient mal (il fait nuit, tout notre campement est pret et on est fatigué), soit parce que par moment, une petite soirée tranquille avec pates et lecture nous fait aussi du bien. Dans ces cas, l'hospitalité iranienne nous semble "trop grande" et ce n'est pas facile de trouver les bons mots en farsi pour ne pas vexer nos interlocuteurs.

Juste avant de rentrer dans la tente pour dormir

A Mashad, nous prenons deux jours de congé pour nous reposer. C'est dans cette ville sainte pour les Chiites, l'Imam Reza a son tombeau ici, que nous allons recupérer notre visa turkmene. Depuis la, il nous faudra trois jours pour atteindre la frontiere avant de commencer notre challenge a travers les plaines du Turkmenistan. Pres de 500km a parcourir en 5 jours, on espere que le vent sera de notre coté...


Autour de la nappe, 5 generations de difference! La petite, sa mere, sa grand-mere et son arriere-arriere grand-mere. Il ne manque que l'arriere grand-mere!

PS: voici le lien du dernier article sur le journal de Morges:  http://www.journaldemorges.ch/node/4831

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Waouh, suis complètement enivrée, sous le charme de vos photos, vos récits, vos mots. Ce pays à l'air magnifique, ainsi que ses habitants!
Merci de partager ce vécu si riche d'émotions et de nous permettre de connaitre un peu des endroits si magiques!
Belle suite!
Amandine

Myriam a dit…

Tu es magnifique avec ton voile Delphine. L'air serein et heureux :-)
Merci infiniment pour la carte postale reçues il y a quelques jours. Imaginer les kilomètres traversés (en air) m'émeut !

Antoine a dit…

Merci de nous partager ces merveilles iraniennes, ces couleurs, ces odeurs, ces goûts... juste à la lecture, on a l'impression d'être dans un coin de votre sacoche et de pouvoir presque participer à votre voyage !

ça nous donne envie de repartir à la découverte du monde, au rythme des vélos ! On a un projet de découvrir la suisse orientale cet été, au rythme de Maxime, Jérémie et Zélie, à la force de nos mollets, petits et grands. Une première expérience cyclable à 5, qui, on l'espère, donnera l'envie à nos 3 petits de partir à la conquête du monde... et de nous prendre avec eux dans leur bagages ! :-)

Bon vent pour la suite ! On se réjouit déjà de la prochaine lecture ! Bises à tous les deux.

Antoine a dit…

Et encore un tout grand MERCI pour votre carte postale reçue il y a déjà quelques temps... (le temps passe si vite).