Ca y est, ca faisait des mois qu'on
en parlait, qu'en on revait et qu'il nous inquiétait aussi, et on a fini par
l'atteindre, le Turkmenistan.
Avant cette folle
traversée, trois jours superbes plein de surprises entre Mashad et la
frontiere. Un paysage bien constrasté entre champs, collines aux couleurs
changeantes, désertiques et verdoyantes, belles formations calcaires.
Dans un village a l'air abandonné, on
ne résiste pas a un petit détour, afin
de découvrir le caravansérail de Robat Sharaf, chef d’oeuvre de plus de
800ans, au milieu d'une plaine aride. On se prélasse la quelques heures en
milieu de journée en attendant que le soleil tape moins. Quand on reprend,
c'est le vent de travers qui nous met presque a terre. Pas toujours facile de
gérer avec les éléments naturels.
Sur cette route,
on est toujours a la recherche de mini-échoppes ou on peut trouver des boissons
fraiches. Un coca sortant du frigo prend beaucoup de valeur a nos yeux. Un
matin, on a droit a un petit déjeuner improvisé sur le bord de la route,
l'Iranien nous ayant invité vers lui, son thermos de thé a la main.
Jour J-1, on se
repose l'apres-midi a Sarakhs, la ville frontiere. On prévoit 10 litres d'eau
chacun en prévision du lendemain. Nos papillons
n'ont jamais été si chargés depuis le début du voyage.
Jour J, a 7h45, on est a la frontiere
iranienne, en principe ils ouvrent a 8h mais on est vendredi ( équivalent
du dimanche chez nous...). Ce n'est donc pas avant 9h qu'on peut avoir un
douanier et pas avant midi qu'on peut enfin entrer en territoire turkmene après
avoir du rester bien patient de la lenteur des procédures et a devoir faire et
défaire notre chargement pour qu'ils vérifient le contenu de nos sacoches. Ils
allaient jusqu’a regarder dans les paquets de cigarettes des gens qu’on voyait
passer avant nous.
On se décourage
un peu. Il faut dire que chaque minute est précieuse dans ce pays, avec un visa
de transit de 5 jour et presque 500km a parcourir dans le désert en grande
partie. La c’est déja une demi-journée en moins. Il faudra qu'on double la
cadence habituelle journaliere, pas une mince affaire pour les lents cyclo que
nous sommes.
A la frontiere,
on est content de rencontrer Thierry, un cyclo Francais parti il y a 3 mois de
chez lui. On parcourra ces cinq jours avec lui et il nous sera d'une grande
aide notamment pour faire la locomotive contre le vent par moment. C’est
intéressant de partager ces experiences de voyages et de comparer les styles de chargement par exemple. On se
sent particulierement lourds…
Les 100 premiers
km se font sur une route defoncée. On slalome du mieux qu’on peut entre les
nids de poule ou plutot des nids d’éléphants ici.
On atteint la
ville de Mary, assez surprenante, ou d'énormes batiments plutot neufs ne
semblent pas s'accorder dans le décor. Leurs alentours sont déserts. L'ancien
président, Niazov, voulait faire l'age d'or du pays et se vouait au culte de sa
personnalité. Il a changé les noms des jours et des mois par des noms de sa
famille et de ses amis et on voit sa photo partout en grand. Pour ne citer que quelques regles (absurdes) imposées,
on peut noter l’interdiction d’écouter de la musique en voiture ou l’interdiction
les ballets de danse. Ce dernier président est décédé mais le nouveau reste un
dictateur. Aucune liberte d'expression pour ce people a qui le président offre l’électricité et le gaz, le pays en étant
riche.
On a plaisir a
parcourir un moment le marché de cette ville ou la plupart des femmes portent
des longues robes tres saillantes. Il semblerait que cela aussi soit imposé.
On rentre après a proprement parlé
dans le désert du Karakom, des dunes sableuses recouvertes de quelques petits
arbustes supportant certainement mieux la chaleur que nous. On voit des
dromadaires le long de la route, ca nous plonge au temps des caravanes.
Les quatres matins dans ce pays, le réveil
sonne a 4h30. Ces petites nuits sont compensées par les longues pauses de midi a
l’ombre permettant de ne pas rouler en plein cagnard. Puis on continue jusqu’au
coucher du soleil. On n’a pas l’habitude de ce rythme mais c’est aussi un beau
défi.
Les kilometres ne défilent pas aussi
vite qu’on le voudrait avec le vent qui vient nous titiller le bout du nez et
pas le dos. Chaque soir, on essaie de se convaincre qu’il tournera durant la
nuit, mais non, rien n’y fait.
Un soir, on campe a coté d’un petit café.
Une biere pour l’apéro, ca faisait des mois qu’on n’avait pas eu droit a ca. On
savoure chaque petit plaisir. Les gens ont l’air tres sympathiques, mais ca a
un coté frustrant de devoir tracer comme ca sans pouvoir prendre le temps de s’arreter
davantage. Ce pays mériterait qu’on y passe plus de temps, et pas seulement
pour avoir des journées a moins de kilometres.
Dernier jour, on se sent pret pour
les 65km qu’il nous semble devoir encore faire jusqu’a la frontiere selon la
carte. Trouver sa route n’est pas une mince affaire en entrant a Turkmenabat,
la derniere ville avant le poste-frontiere. Pas un panneau, a chaque croisement
on s’arrete, mais ce n’est pas toujours les memes directions qu’on nous donne. Apres
la traversée de l’Amour, et 10km particulierement éprouvant, en fin de journée,
on atteint enfin cette frontiere a l’air assez sauvage. On ne s’attendait pas a
ca.
35km en plus que prévu, on ne sait
pas tres bien d’ou ils viennent, mais le plus important, c’est d’etre la, en
Ouzbekistan. On a l’impression de planer et on pose notre tente la, quelques
centaines de metres après la frontiere a la tombée du jour. On est fiers d’avoir
fait cette traversée, on se réjouit de prendre une douche et de découvrir plus
tranquillement les beautés de l’Ouzbekistan.
3 commentaires:
Bien joué les sportifs!
B*R*A*V*O !
Ici il fait aussi chaud chaud chaud mais on ne pédale pas (en tout cas pas autant) et la bière est au frigo!
Merci pour vos magnifiques photos qui nous font voyager un peu aussi!
Chapeau bas!
C'est génial! Quelles belles photos!
Au plaisir de vous revoir! =)
Joris
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